"J’avais remarqué qu’ici, les enfants, en dehors du foot, n’avaient aucune distraction", commence Benchaâbane, de sa voix douce et calme. "Je me suis dit: puisque le samedi et le dimanche, ils ne sont pas à l’école, ce serait bien d’occuper une partie de leurs journées de façon utile. En participant à leur éveil artistique, en leur faisant découvrir d’autres modes d’expression."
Mais pas seulement. Car les bénévoles qui assurent les cours en profitent pour inculquer à ces jeunes les règles élémentaires du savoir-vivre en société: arriver à l’heure; dire bonjour; ne pas chahuter et encore moins se bagarrer; travailler en silence. Et ça marche! A tel point que plusieurs de ces enfants reviennent d’année en année et font, sur le plan artistique, des progrès considérables. Après le dessin, ils sont passés à l’aquarelle, puis à la gouache. Ils vont prochainement se mettre à l’acrylique, avant d’attaquer les techniques de la peinture au couteau. Conscientiser à l'écologie par l'art "On en profite aussi", précise Benchaâbane, "pour les sensibiliser, à travers l’art, à tout ce qui est environnemental." "Je suis moi-même très attaché à la protection de l’environnement. Et j’ai voulu qu’ils prennent très tôt conscience que l’homme peut faire quelque chose pour la nature au lieu de la détruire, notamment en récupérant tous les déchets plastiques du village et en les transformant en objets décoratifs. Les enfants ramènent donc de chez eux des bouteilles plastiques vides, des bidons d’huile etc… Et grâce au travail qu’ils font avec leurs professeurs, tous ces objets deviennent des objets d’art." Avec l’espoir qu’ensuite les enfants, mais aussi leurs familles, restent attentifs à leur comportement vis-à-vis de l’environnement. Le samedi, ces même enfants peuvent profiter d’un soutien scolaire en français et en mathématiques, toujours avec des bénévoles pour les encadrer. C’est très important, car ce sont des matières fondamentales pour leur avenir. "Nous avons une pédagogie qui nous est propre", ajoute Benchaâbane. "On leur apprend le français en favorisant le dialogue, l’échange oral. Nous avons aussi développé l’apprentissage du français par le biais du théâtre: et en fin de chaque année scolaire, les enfants jouent une pièce en français devant leurs familles." Et les résultats sont là. Les résultats scolaires s'améliorent Les enfants qui fréquentent les ateliers se sont tous améliorés. Puis sont devenus parmi les premiers de leur classe. "Certains de leurs professeurs, dans les écoles", ajoute malicieusement Benchaäbane, "se sont même demandé si nous n’étions pas une concurrence pour eux!" "Il n’y a aucune concurrence de notre part, mais une complémentarité. Ce que les enfants font chez nous le samedi et le dimanche est un plus par rapport au reste de la semaine et c’est ce qui leur permet d’avoir un niveau supérieur à la normale de leur classe." Quant aux talents artistiques, ils voient régulièrement le jour dans ces ateliers. A l’image de cette jeune fille qui, enfant, a fréquenté ces cours et qui est aujourd’hui étudiante, en deuxième année, à l’Ecole des Beaux Arts de Tétouan. Elle sera soit une artiste à part entière, soit une enseignante qui pourra, à son tour, faire profiter les jeunes de ses connaissances. Cette école donne donc à des enfants souvent issus de milieu défavorisé des moyens qu’ils n’ont pas à l’école et chez eux. Mais tout cela n’est possible que grâce aux bénévoles, eux-aussi très assidus. Ce sont les mêmes depuis 4 ans. Il s’agit de bénévoles marocains et français (2 hommes et 2 femmes) qui suivent cette expérience avec passion. La fidélité des enseignants et des enfants est pour Benchaâbane la plus belle des récompenses. |
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